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Il était une fois Cunelières...
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Il était une fois Cunelières...
  • Ce blog a pour but de faire mieux connaitre l'histoire, les monuments, les paysages, les activités locales, passées et présentes du village de Cunelières dans le Territoire de Belfort. Ceci a travers la presse, les photos et autres sources disponibles.
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5 juin 2015

Le blason de Cunelières.

Lors de la publication de son livret sur Cunelières en 1995, dont j'avais parlé sur cette page, Monsieur Herquel avait recherché si il y avait eu un ancien blason adopté à Cunelières, puis devant la négative avait, d'après ses recherches sur l'étymologie du nom Cunelières, proposé un blason à la commune. Celui ayant été validé je pense la même année mais à une date précise que je ne connais pas.

Je copie ci-dessous le fruit de ses recherches publiés dans son livret, et j'ajouterai à la suite mes reflexions sur les recherches et le blason.

RECHERCHES EN VUE DE RETROUVER OU DE CREER LE BLASON DE LA COMMUNE

I A LA RECHERCHE DU BLASON ANCIEN

Certaines archives concernant le Territoire de Belfort se trouvent encore aux Archives Départementales du Haut-Rhin à Colmar, puisque le Territoire de Belfort faisait partie du Haut-Rhin jusqu'en 1871.

Les recherches faites à Colmar n'ont pas donné de résultat.

D'autre part, Cunelières étant sous juridiction de l'évêché de Bâle avant le 18° siècle, une visite à la Fondation des archives de l'ancien évêché de Bâle à Porrentruy aurait pu nous faire retrouver le blason ancien de notre village, mais cette enquête ne nous a rien appris.

II A LA RECHERCHE DU BLASON MODERNE

Aux ADTB*, on trouve que la commission départementale d'héraldique a défini , en Avril 1959, le blason de Cunelières comme suit : d'argent au cornouiller de sinople fruité de gueules, suivant l'étymologie probable du nom ; et un projet de dessin de ce blason a été établi par M. Camille HEIDET (d'Essert) qu'il a proposé en 1989 à la mairie de Cunelières.

Cette proposition n'a pas retenu l'attention et nous avons voulu connaître les raisons qui avaient amené la commission héraldique à établir cette définition. Le détail des travaux de la dite commission est introuvable et il a fallu revoir l'étude au départ (Mentionnons pour l'anecdote que ce projet de blason figure dans le livre "Belfort et le Territoire de Belfort", fait par M. ROZLER, E.O. LAMI et P. GSELL, bien que ce blason n'ait jamais été adopté officiellement par la mairie de Cunelières).

La suite des recherches nous fait découvrir certains écrits qui nous aident à définir le dit blason.

1 On trouve tout d'abord, en radical étymologique, le mot CONILA ou plutôt CUNILA, employé par Pline, le naturaliste, qui signifie :

SARRIETTE : variété d'herbe aromatique particulière à certains pâturages.

* Archives Départementales du Territoire de Belfort

1 Etudes étymologiques : noms des communes (ADTB 73 26) page 44

 

Or, Cunelières est sur l'emplacement d'un vaste pâquis où cette herbe ne fait apparemment pas défaut, ce qui nous amènerait à CUNILARIAE, comme forme latine de CUNELIERES.

Il est vrai que les formes KUNIGLIEREN et KUNGLIEU pourraient faire croire que le préfixe de CUNELIERES vient de KOENIG, roi, en haut allemand KONING et anciennement KUEHN, d'où vient le nom CUENIN, si fréquent parmi nous. Mais aucun document historique ne nous apprend que Cunelières ait été jamais une terre royale.

La terminaison en "IERES" répond certainement à la terminaison latine ARIAE, ainsi que celle de IERS. Nous avons SPICARIAE en 1040, ESPIERS (Eure et Loir), ARMENTARIAE en 867 : ARMENTIERES (Eure et Loir), (Eure), CONCA LA RI AE en 1044 : CANCALIERES (Tarn), etc ...

Tout cela justifie notre manière de voir et nous traduirons CUNELIERES par CUNILARIAE.

D'autre part, le radical CUNEL pourrait venir de CUNICULUS, lapin, d'où l'on aurait fait CUNICULARIERAE, CUNELIERES, et c'eut été alors un rendez-vous de chasse, à cause des nombreux lapins que l'on y rencontrait.

2 L'ancien français appelait le lapin CONNIL, d'où est venu le mot CONNILLIERE (voir CONNIL dans le dictionnaire de Godefroy).

 Ducange donne aussi CUNICULARIUM avec le sens de garenne. Ainsi CUNELIERES, avant d'être un nom de village, aurait été un simple lieu-dit, rappelant la présence de lapins, comme VERPILLIERE ou VOURPILLIERE rappelle la présence de renards (du latin VULPECULA : renard).

Mais la première forme COURNOILLIERE pourrait bien dénoter pour ce nom une étymologie différente : car elle paraît procéder de CORNOUILLER. La dérivation serait régulière. Mais l'essence du CORNOUILLER étant étrangère à ce pays, il est plus rationnel de considérer CUNELIERES comme synonyme de lapinière, soit que les premiers habitants s'attachassent particulièrement à l'élevage de cet animal, soit que le lapin sauvage pullulât en cet endroit.

 

2 Société Belfortaine d'Emulation : volume 23 - année 1904, pages 87 et 88 (ADTB) et recherches étymologiques des noms de lieux habités du Territoire de Belfort, pages 80 et 81 (ADTB).

III NOTES DE L'AUTEUR

 La sarriette:

Cunelières possède encore ce "vaste pâquis".

Pourquoi la sarriette aurait-elle disparu ?

Les ouvrages de botanique parlent de la sarriette annuelle (Satureira hortensis), à feuilles aromatiques, qui pousse en terrain bien drainé,léger et riche.

La sarriette sauvage, ou vivace, ou des montages (Satureira montana)- habitat : Europe Méridionale sur coteaux calcaires arides.

Cunelières ne semble plus être un terrain de prédilection pour ces deux espèces.

Le cornouiller :

Des recherches sur le cornouiller nous font savoir que cet arbre a été connu en Europe dès 1606 et 1658 grâce à John Tradescant, le plus grand importateur de plantes américaines.

Dans le sud de la Russie et en Turquie, le cornouiller est encore cultivé comme arbre fruitier. En Europe Occidentale, on ne cultive plus guère le cornouiller mâle que pour l'ornement.

Le cornouiller mâle (Cornus mas), de 2 à 5 mètres de hauteur, a un bois très dur, dont on se servait pour fabriquer des armes : javelots et flèches, et aussi des manches d'outils et des barreaux d'échelle.

Il y aurait eu des artisans installés jadis pour travailler ce bois.
Auraient-ils rasé ces forêts ?

D'après des ouvrages de botanique, cet arbre est assez communément répandu dans les forêts de l'Est de la France, mais affectionne plutôt les terrains calcaires, secs et rocailleux.

Il semble rare à Cunelières, mais serait commun en Alsace actuellement.

Il existe aussi le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), dont le bois est utilisé en vannerie, moins rare ici.

Le lièvre et le lapin de garenne : présents dans la région.

CONCLUSION

Le cornouiller, la sarriette et le lièvre symboliseraient la signification du nom de la commune et le BLASON se définira héraldiquement, comme suit, sur les conseils de personnes avisées :

IV LECTURE HERALDIQUE

"Ecartelé, en 1 et 4 de gueules, en 2 d'argent au cornouiller de sinople fruité de gueules, en 3 d'argent à la sarriette de sinople, fleurie de gueules. Brochant sur le tout, un écu de sinople chargé d'un lièvre d'argent".

Blason legende

V SYMBOLIQUE DE LA COMPOSITION

Ce blason rappelle par la couleur de gueules les armoiries des Reinach. Cunelières relevait de la seigneurie de Montreux appartenant à cette famille.

SIGNIFICATION DES COULEURS DU BLASON

de gueules : En blason d'armes des vertus, signifie Charité et représente une marque de haute magnanimité, vaillance, hardiesse.

Argent : En blason d'armes des vertus, signifie Espérance, Pureté, Innocence, Humilité, Beauté, Victoire, Félicité, des 4 éléments : l'eau (la Saint-Nicolas).

Sinople : En blason d'armoiries des vertus, signifie Force et est marque d'honneur, de liesse, d'amour, de courtoisie, de beauté, de bonté et de jeunesse ; représente toute espèce de verdure : comme prés, bois, champs.

 

Après cette présentation sur les recherches faites par Monsieur Herquel sur le blason de Cunelières, voici quelques réflexions sur celles-ci.

J'ai 2 regrets :

Le premier est qu'il se base uniquement sur 2 sources pour étayer sa démarche, le deuxième c'est qu'il s'appuie sur les 2 sans oser trancher et faire un choix pour proposer un blason.

En ce qui concerne les sources, il est vrai qu'internet n'existait pas à l'époque et qu'il est plus facile maintenant de retrouver des sources même déjà existantes en 1995 année des ses recherches. Et depuis d'autres ouvrages sur le Territoire de Belfort sont sorties et ont complété les informations disponibles sur Cunelières.

Voici les 2 sources utilisées dont j'ai retrouvées les références, complètes pour le premier ouvrage concerné : Études étymologiques sur des noms des communes du territoire de Belfort, J.-B. Arnold (L'Abbé.), Editions Paul Hoffmann, 1876, 50 pages, non disponible sur internet et le deuxième qui est extrait du bulletin de la Société Belfortaine d'Emulation de 1904 et dont on retrouve les pages disponibles sur Cunelières (87 et 88) en cliquant sur le lien suivant : SBE 1904 et en allant à la vue 112 sur 393.

Mais je ne comprends pas pourquoi après ses notes, il n'ait pas écarté les 2 propositions que sont la sariette et le cornouiller comme signification du nom Cunelières.

Pour la sariette difficle de croire que cette plante méridionale ait pu un jour se trouver de façon spontanée et abondante à Cunelières qui n'est pas du tout son aire de répartition originelle et même actuelle. On ne trouve pas de sariette en Franche-Comté. Alors quand je lis : "Or, Cunelières est sur l'emplacement d'un vaste pâquis où cette herbe ne fait apparemment pas défaut", j'émets de gros doutes sur la validité de l'affirmation. D'où tiens t'il ces informations ? Est il venu sur place pour constater ? Sagirait il pas plutôt d'une confusion avec une plante proche ? Quand bien même cela était vrai pourquoi Cunelières aurait pris le nom d'une plante qui n'aurait surement pas été la plus abondante et la plus caractéristique du lieu ?
A noter que F.Pajot, l'auteur de la deuxième source, ne fait pas mention de la sariette pour l'origine possible de l'étymologie du nom de la commune.

Pour ce qui est du cornouiller, F.Pajot écarte lui même la possibilité de cette origine pour Cunelières. Le cornouiller n'est pas particulièrement abondant dans nos contrées, même si il n'est pas rare actuellement, et je n'ai jamais entendu parler de forêts de cette essence, ne dépassant d'ailleurs pas 5 mètres de haut, où que ce soit, alors pourquoi dans notre commune il en aurait été autrement ? De plus Monsieur Herquel dit dans ses notes que le cornouiller "a été connu en Europe dès 1606 et 1658 grâce à John Tradescant, le plus grand importateur de plantes américaines." Si c'est une plante importée seulement au XVII ème siècle, comment pourrait-elle être à la base de l'étymologie de Cunelières ou plus précisément de Cournoillière, forme attestée pour le XV ème siècle et citée par F.Pajot ?

Ce qui rend d'autant plus étrange le choix du cornouiller fait par la la commission départementale d'héraldique en avril 1959. Sur quelles sources s'est elle appuyées ? Dommage que l'on ne puisse le savoir. Malgré tout je vous offre la représentation du blason de la commune faite par Monsieur Heidet en 1989 et que l'on trouve dans la réédition de l'ouvrage de 1874 "Belfort et le Territoire de Belfort" paru en 1993 et dont il est question au début du chapitre "A la recherche du blason moderne". C'était d'ailleurs moi qui avait prêté cet ouvrage à Monsieur Herquel lors de ses recherches

Blason Cunelieres 1989

Pour moi il est donc clair que la seule proposition valable pour l'origine de Cunelières est celle en rapport avec le lapin. Ce qui donnerait un blason plus simple que celui "fourre tout" actuel qui faute d'avoir été le fruit d'un choix rationnel est une collection de possibilités. Heureusement d'ailleurs que l'on en ait pas trouvé d'autres sinon la place aurait manqué sur le blason !

Pour finir, fallait il choisir le lièvre comme cela a été fait, ou le lapin ? Je répondrai à la question dans un prochain article. J'en profiterai pour donner d'autres sources que les 2 données dans le livret sur Cunelières.

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